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Pour Loic le Poête !!!!

Mille Merci de me preter vos poêmes qui me touchent profondément et illustrent si bien mes emotions Bretonnes !!
Veuillez trouver ici la preuve de ma trés grande admiration pour l'élegance de votre plume !!


Commana /vieilles Bretonnes

Aux bruines matinales
Engoncées dans leurs châles
Ecrus d’étoffes qui moirent
Attifées toutes noires
Elles vont par les chemins
Embrumés des matins

Et Leurs sabots résonnent
Tandis que le glas sonne
Elles s’en viennent sous la pluie
Au sortir de la nuit
Fredonnant leurs antiennes
Ces Bretonnes anciennes

Le vent de Commana éructe sa chanson
Un requiem d’Ankou qui virevolte et moissonne
Et des rideaux de pluies ondulent dans les fonds
De vallées sans couleurs aux reliefs atones

Au pardon elles s’en vont
Dans ces montagnes noires
Oubliées du bonheur
Où le ciel toujours pleure

Ainsi vont les Dimanches
Dans ces chemins de boue
Tandis que sous le porche
Un recteur les attend

Ils iront aux fontaines
Qui guérissent les simples

La procession s’ébranle
En suivant les bannières

Elles vont dodelinant
En leurs coiffes éclatantes

Loïc Le Meur












Les pierres

Elles regardent les tempêtes du haut de leurs splendeurs
Ces puissants statuaires des temps d'outre déluges

Où les hommes rampaient sous des terreurs malignes
Tremblants devant des Dieux qu'ils se créaient alors
Où dans de longs hivers ils rencontraient la faim
Où leurs enfants mouraient avant que d'être nés
En passant avec celles qui les avaient portés
Où le soleil divin du jour disparaissait
Dans l'enfer des éclipses ils se pensaient maudits
Espérant les solstices en comptant les lunes noires

Elles regardent les tempêtes du haut de leurs splendeurs
Ces puissants statuaires des temps d'outre déluges

Les pierres ont-elles une âme en leurs cœurs de silices
Connaissent elles le froid quand le gel les érode
Souffrent elles en silence lorsqu'un homme les taille
Et dans leurs alignements sombres armées de menhirs
Furent elles notre conscience lorsque du fond des temps
Sous des ciels sulfuriques la vie n'était que pierre
Quelles batailles immobiles les à t'on fait mener
Ces géants pétrifiés n'ont rien à raconter
A nous petits humains qui passons sans destins

Elles regardent les tempêtes du haut de leurs splendeurs
Ces puissants statuaires des temps d'outre déluges

Aux temps où l'univers glacé de vide s'effondre
Baigné d'obscurité dans des vapeurs d'ondes
Elles connaissent alors les noires avanies
Desquelles elles se riaient
Se croyant immortelles
Rompues
Broyées
Brisées
Fractales
Elles apprendront la mort

Loic Le Meur








 



L'île longue (golfe du Morbihan)
47° N 34' 29'' / 2° O 53'14''

Un tumulus ventru qui se chauffe au soleil
Où viennent des aurores aux accents de splendeur
De grands pins maritimes l'ombragent au midi
Il sommeille et se berce au chant léger des brises
Abritant en son sein des squelettes d'enfants

J'y viens parfois rêver à ceux qui l'on placé
A la pointe de cette île sans sort abandonné
Au fil des marées qu'il compte en lunaisons
Les eaux bleues du grand golfe tapissent sa maison

Aux temps des équinoxes qui renversent la terre
Les forces du jusant font vibrer les rochers
Qui bordent ce sanctuaire où naquirent les hommes
Qui vécurent en dressant ces infinis menhirs

J'y erre avec mon âme n'y comprenant que dalle
Souriant aux éblouis scrutateurs lithiques
Aux férus amoureux de l'art pariétal
J'y somnole ébloui
Et l'esprit en veilleuse
Sans penser un instant
Aux champs énergétiques
Où des illuminés aux vaines espérances
Voudraient venir voguer dans des ondes merveilleuses

Loic Le Meur







Accords du participe

S’alignant sans conteste
Sur son entrée funeste
Le levant d’équinoxe
Nous offre ce paradoxe
Que celui d’éclairer
De couleurs orangées

Ce vieux tumulus gris
Qu’on avait oublié

Et les mousses deviennent ocre
Sous le flux de lumière
Tandis qu’au loin s’abat
Tel un chêne pesant
Dans une forêt antique

Une pierre levée
Qu’on avait oubliée

Et les ajoncs s’hérissent
En barbelés dorés
Déchirant les vapeurs
De ce matin d’été
Où se dressent déjà

Des calvaires érodés
Qu’on avait oubliés

Loic Le Meur






Terre neuve

La brume des grands bancs
Dévore en grands tourments
Les hommes dans les doris
En pêche sur l’eau lisse

Au milieu de ce rien
Leurs humides destins
Sans amures se scellent
Dans ce désert de sel

Au noroît de Paimpol
A mille lieux du sol
Sur les bancs de Terre Neuve
Que maudissent leurs veuves

Terrées dans leurs villages
Quand la tempête enrage
Elles redoutent le glas
Qui résonne d’un chant las

Priez pour eux pauvres pêcheurs
Payez pour elles riches armateurs

Loic Le Meur








« Berder » golfe du Morbihan

Il est de ces matins où le temps devient mien
Au seuil de plages blondes où dans un soleil neuf
Les hommes sont partis vers de lointains envers
Il est de ces destins où le bonheur est grave
De n’être partagé parce qu’il n’à goût que seul

Au long des îles mauves se baignant au réveil
Dans des aubes d’été mon esprit en sommeil
Et mon coeur en éveil sur Berder la douce

J’exulte de lumière sur le plan infini
Des ondes du grand golfe
Où lentement s’évaporent
Les restes de mes nuits

A l’heure des temps nouveaux
Où ma vie étincelle
Aux galaxies des heures
Qui doucement s’arrêtent
Pour faire passer mon âme
Du côté des vivants

Qui faut-il remercier
De cet univers franc
Ne se donnant qu’à ceux
Qui en longues focales
Se baignent en poésie

Il n’est de sentiments
Qu’en ces minutes blanches
Ou je conçois peut être
Ce que c’est d’être aimé
Par un cœur en partage

Loic Le Meur


Ecrit le 23 juillet 08 dans cet endroit






Chants métaphoriques

Sous les ballasts gris des chants métaphoriques
Les orages s'en viennent vers les grands sémaphores
D'un crépitement de larmes en pesantes averses
L'acier des rails sanglote en sourdes étincelles
Et les trains de minerai dérivent lentement
Leurs boggies martelant en tristes contre chants
Tournant en passacailles aux saveurs de ferrailles
Déniant l'éternelle suie de ces chemins ferrés
Sur des ballasts gris aux champs métamorphiques

Loin de ces hameaux vides où ne restent que les vieux
Vocifèrent des chiens maigres aux côtes efflanquées
Les noirs épicéas grésillent aux cieux ardents
Tandis qu’au fil des ans les travers bancs s’effondrent
Aux souffles de la sueur de ceux qui les havaient
Sur le carreau brisé les briques s’indiffèrent
Elles se rompent en silence à l’heure de l’oubli
Et les fragrances d’oxydes d’une file de wagons
S’endorment pour l’infini à l’entrée des galeries

Ainsi vont en misères les mines à l’abandon
Dans des senteurs d’ajoncs agrippés aux terrils
Dans de vieilles Bretagnes aux murs effondrés
Et au long des talwegs les larmes des collines
Murmurent en sourdes plaintes la tristesse des envers
Sur les adrets noircis par des relents d’ardoise
L’air en mirages vacille sur les pierres des haldes

Sur des ballasts gris aux chants métaphoriques
Sous les ballasts gris des champs métamorphiques

Loic Le Meur





les mortes eaux

C'est l'heure de la renverse
du jusant aux abois
au tréfonds de la passe
les champs d'algues frémissent
les mortes eaux embrassent
des épaves qui pourrissent

les âmes des naufragés
alors hurlent en silences
des cris désespérés
que le malheur offense

dans le vieux sémaphore
je veille sous la pluie
en décomptant ces morts
le coeur rempli d'ennui

Loic Le Meur






Baies d’Audierne

Les rouleaux d’Atlantique
Feulent sur les grands bancs
En s’effondrant soudains
Sur les galets qui crissent

Dans un brouillard d’écume
De lourdes casemates
Sombrent dans les grands sables
Dévorées par le flot

Et les arbres tordus
Habités par le vent
Agrippent des ciels noirs
Où planent les tourmentes

Traversant ces déserts
Aux marais faméliques
Des dépressions en ruines
S’évasent à l’infini

Le souffle des revenants
Gronde dans les chapelles
Erodant les calvaires
Arasant les cimetières

Dans ces fins de pays
Où les hommes s’agrippent
En marchant tête haute
Dans d’adverses fortunes

Noires Bigoudénies
Aux vieux accents d’orgueil
Aux phares gigantesques
Qui dominent ces plaines

Qui ne donnent rien d’autre
Que la peine et l’ennui
Où le premier voyage
Que l’on offre aux enfants

C’est de partir conscrit
Parlant à peine Français
Dans un pays lointain
Qui se nommait Verdun

Alors sont revenus
Leurs pauvres patronymes
Gravés d’or sur les plaques
Aux murs de leur paroisses

Pour ceux devenus fou
A force de mauvais vins
Que la guerre rendait
Il restait la révolte

Qu’une patrie désinvolte
Avait semée en germe
Qui poussait dans leur cœur
De soldats sans honneurs

Ils avaient vus tomber
Tels des vieux chevaux
Leurs frères de malheur
Dans ces grands abattoirs

Loic Le Meur




Notre Dame de Bonsecours

Au berceau des enfeus
D’une noire basilique
Les cardinaux s’égrènent
Au fil des pardons
Que des paysans havres
Burinés par l’ascèse
Dans leurs costumes brodés
Sont venus révérer

Ces enfants de l’ankou
Nourris par la misère
En contrées si austères
Ne connaissent que la peur
De danser en enfer
Le plinn des maudits
Parce qu’il ont péché
De vivre d’espérances

Ils s’en viennent du Poher
Et même du Léon
Dans ces austères Guingamp
Saluer la vierge noire
Dans leurs sabots cloutés
Avec pour tout bagage
La foi du charbonnier
Et leurs chapeaux mités

Et nous ceux de la ville
Rions bien de les voir
S’enticher de statues
Et d’icônes naïves
Cependant que leurs femmes
Trompées par les bateleurs
Se chargent d’oripeaux
Pour leurs enfants qui pleurent

Et pourtant nous savons
Que de là nous venons
Nous avons fuit la terre
Pour finir à l’usine
Dans la vapeur de fer
Remplissant les chaudières
Des fonderies Tanvez
Ifern vugalé

Loic Le Meur

 

 

 

 

Ne pas copier/coller les poêmes sans autorisation de l'auteur COPYRIGHT

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E
<br /> Belle fontaine...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
la photo du monument au mort colle particulièrement bien avec le texte baies d'audierne <br /> ou à été prise cette photo?<br /> <br /> un grand merci de tes illustrations<br /> <br /> loic
Répondre
D
De magnifiques photos qui vont si bien avec les merveilleux poèmes de Loïc... ou alors, de magnifiques poèmes superbement illustrés par les photos de Berc'hed. Le résultat est le même, c'est génial.<br /> Pokoù bras deoc'h.
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K
les poèmes et les photos deux arts qui se complètent!!
Répondre